La philosophie derrière Banjo et Mandoline
Une internaute me demandait cette semaine quels étaient les objectifs visés par les contes Banjo & Mandoline ? C’est une question très pertinentes et c’est vrai que la philosophie derrière Banjo & Mandoline n’est pas encore très connue.
J’ai commencé à rédiger les contes musicaux en janvier 2019 suite à une réflexion sur la place de la musique en milieu scolaire. Tout le monde est enthousiaste lorsqu’on parle de cours de musique à l’école, mais hélas ! la musique n’est qu’une fraction insuffisante (ou absente) dans le parcours scolaire des enfants.
J’ai enseigné la musique au primaire durant 10 ans. Dans mes classes de tout-petits, j’ai constaté un nombre grandissant d’enfants avec des troubles de langage ou des troubles d’apprentissages. Auprès de mes élèves, j’orientais mes cours de musique dans le but de stimuler le plus possible le langage. Mais comme ils n’étaient de passage qu’une fois par semaine dans ma classe (parfois seulement qu’aux deux semaines…), c’était nettement insuffisant pour qu’il y ait un impact concret et observable sur leur développement.
Dans ma réflexion, je me suis dit que si la musique chez les tout-petits faisait partie d’une routine quotidienne, les impacts sur les apprentissages en serait davantage visibles et il serait évident qu’une place aux cours de musique dans le curriculum scolaire deviendrait essentielle. Même que si la musique était déjà présente dans le quotidien des tout-petits dès la petite enfance, alors que leur cerveau est en pleine effervescence et super malléable, ce serait un plus !
De là la philosophie :o)
C’est là que l’idée des contes Banjo & Mandoline a émergé. J’ai voulu créer un matériel qui serait accessible aux éducateurs (trices) non-musiciens (nes) afin de mettre à profit les bienfaits de la musique sur les apprentissages dans les C.P.E., services de garde et classes préscolaires. Je souhaitais l’activité simple et facile d’accès. Lorsqu’on est éducateur, on n’a pas nécessairement le temps de s’asseoir de longues heures à s’approprier le contenu de nouveau matériel, malgré le fait que pour se renouveler, on devrait le faire. Je voulais que l’activité soit « clé en main ». Ainsi est né le premier conte musical Banjo & Mandoline.
Le son des instruments de percussion sert à faire la trame sonore des actions de l’histoire. J’ai choisi autant que possible des timbres qui se rapprochent des sons du quotidien (ça ne fonctionne pas toujours à la perfection, mais l’idée est là) Les recherches scientifiques démontrent un lien entre le timbre des instruments et les rimes de la langue. Aussi, des récentes recherches démontrent que la pratique régulière de la musique a un effet bénéfique sur la plasticité du cerveau, et pas seulement chez les jeunes enfants, mais chez les personnes de tous âges. La musique est même utilisée auprès des prématurés et des personnes atteintes Alzheimer et de Parkinson pour ses effets thérapeutiques. Donc, je me suis dit que cette faculté qu’a la musique à modeler le cerveau des tout-petits serait sûrement très utile, surtout auprès des enfants qui vivent peut-être dans des milieux moins stimulants. De plus, le conte favorise le développement du concept « attendre son tour » (fonctions exécutives d’inhibition et de planification), qui peut être difficile chez les tout petits, notamment chez les garçons. Il y a en complément des exercices de rythme favorisant la conscience phonologique chez les tout-petits (mots de 1, 2 et 3 syllabes), ainsi que des exercices plus poussés pour les plus vieux, basés sur la prosodie française. Le tout en stimulant l’éveil musical et l’éveil à la lecture. Et c’est tellement divertissant que les enfants n’ont pas l’impression d’apprendre, mais plutôt de jouer !
Les éducateurs qui utilisent Banjo & Mandoline dans leurs installations n’ont que de bons mots pour l’activité. Les contes sont captivants pour les enfants et tellement appréciés qu’ils sont généralement capables de tenir leur instrument sans en jouer n’importe quand (et ainsi gâcher l’histoire) et ce, même à deux ans !
En conclusion, si la musique devient une habitude dans les C.P.E., en service de garde et au préscolaire, non seulement le cerveau des enfants qui auront pratiqué cette discipline sera mieux disposé à apprendre une fois rendu au niveau scolaire primaire, qu’en plus les autorités voudront faire de cette matière une priorité indiscutable dans le régime pédagogique à l’école. Il y a déjà plusieurs artisans de la musique à la petite enfance qui sont dans l’action; j’espère que les éducatrices et éducateurs emboîteront le pas afin que la musique, qui a tant de bienfaits, soit mise à profit dans leurs établissement !
Quelques références :
Le laboratoire Mus-Alpha de l’Université Laval et les recherches de Jonathan Bolduc
https://www.mus-alpha.com/
Livre « Apprendre la musique : Nouvelles des neurosciences » d’Isabelle Peretz
https://www.leslibraires.ca/livres/apprendre-la-musique-nouvelles-des-neurosciences-isabelle-peretz-9782738144218.html
Article du site Allo Profs Parents, pour mieux comprendre les Fonctions exécutives
https://www.alloprofparents.ca/articles/le-developpement-de-lenfant/comprendre-fonctions-executives-mieux-accompagner-enfant/
Vidéo charmant sur les bienfaits de jouer un instrument sur le cerveau d’Anita Collins (en anglais)
https://www.youtube.com/watch?v=R0JKCYZ8hng
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