Enseigner la musique au primaire
À l’aube de ta carrière d’enseignant·e
Tu enseigneras la musique au primaire : premier contrat, trois écoles ! C’est excitant, c’est vertigineux, mais à l’aube de ta carrière, tu as hâte de relever ce magnifique défi.
…Mais comment captiver et maintenir l’intérêt de tes élèves ? Créer des liens avec eux et tes collègues malgré ton passage furtif dans leurs écoles ?
Sache que j’ai vécu cela. Mon BACC en enseignement de la musique et mes stages ont été essentiels à mon arrivée dans le métier, mais de là à dire que j’étais à 100 % prête serait un mensonge.
Dans nos débuts, on est en mode « essai et erreur », on planifie des activités incroyables pour nos cocos en s’apercevant que ça ne « pogne pas pantoute », alors qu’autre chose qui semble insignifiant aura beaucoup plus de succès. C’est vraiment sur le terrain que l’on bâtit son expérience, dans l’action.
Si tu le veux bien, je te partage ici quelques unes de mes stratégies que j’ai développées au fil du temps, espérant que ça te soit utile. Prends vraiment ce qui te convient et met de côté ce qui te semble moins pertinent. J’ai eu la chance à mes débuts de côtoyer des enseignant·e·s qui m’ont généreusement partagé leur expérience, ce qui m’a vraiment facilité la vie; et donc si je peux rendre service à mon tour, c’est avec grand plaisir☺︎
Voici un aperçu des sujets que j’aborderai, tu peux cliquer les thèmes pour y accéder directement :
Un cours type
Aménagement du local
La gestion de classe
La gestion du matériel
Évaluations et bulletins
Le parascolaire
Les relations avec les collègues
La grille-matière
Ne t’oublie pas !
Un cours type
J’ai enseigné la musique de la maternelle 4 ans à la 6e année, aussi en classe d’adaptation scolaire, de communication et TSA. Pour tous ces niveaux, j’utilisais la structure que voici :
- Mouvement
- Notions – théorie – chant
- Instruments
- Retour au calme
Prenons l’exemple d’un cours de 45 minutes. Le point 3 (instruments) est le cœur du cours, celui que les enfants attendent le plus. J’essayais d’y consacrer au moins 20 minutes. Et donc je débutais avec un 10 min de jeux de mouvements (1), suivi d’un 10 minutes de notions (2). Ensuite les instruments (3) pour finir, si possible, avec un retour au calme (4). Par contre, pour certains groupes mieux organisés point de vue comportement, il m’arrivait souvent de laisser tomber le #4.
Voici en quoi consiste ces parties de cours :
1) Mouvement
Autant que possible, je débutais le cours avec deux jeux de mouvements. Cela permet de vider le trop plein d’énergie pour mieux se concentrer par la suite. Surtout chez les tout-petits, l’apprentissage se fait souvent mieux par le corps, alors on apprend en bougeant ! Lors des quelques premiers cours, je répétais les deux mêmes jeux, pour que les élèves se les approprient, puis plus tard j’intégrais un nouveau jeu pour éventuellement faire un roulement et avoir de la variété.
Au 3e cycle, je ne faisais qu’un seul jeu de mouvements, afin de pouvoir consacrer plus de temps aux notions et aux instruments.
Quelques exemples de jeux de mouvements :
– Vitamines rythmiques
– Jeux de pas (marche, galop, chassé, chachacha) selon des rythmes entendus au tambourin (style Dalcroze)
– Routine de danse ou de gumboots
– Jeux de pulsations avec balles rebondissantes (balles bleues-blanc-rouges) ou ballons
– Routine au djembé ou Bucket Drumming
2) Notions – Théorie – Chant
Ce moment du cours de musique se passe généralement assis et débute plutôt de façon magistrale. C’est l’un des seul s moments du cours où le crayon peut être nécessaire. En me basant sur le programme, je construisais ce volet dans le but de pouvoir cueillir des traces de progression. J’utilisais ma grille d’élèves avec tout simplement un système de lettres pour évaluer la progression (A-B-C-D). La même activité / situation d’apprentissage pouvait être développée sur 2 ou 3 cours.
Quelques exemples de notions – théorie – chants :
– Dictée rythmique
– Étude des notions au programme (lent-rapide, doux-fort, etc)
– Appréciation d’une œuvre musicale (Compétence Apprécier)
– Mise en contexte d’une situation d’apprentissage menant aux instruments (création ou interprétation)
– Apprentissage d’un chant. Étude de la forme du morceau, du sens du texte, des rimes et de la phonétique.
3 ) Instruments
C’est la partie du cours que les enfants attendent ! Dès les premiers cours, je mettais en place une routine de gestion et de manipulation des instruments. Par exemple, avec les tout-petits, le volet #2 du cours en début d’année servait à enseigner par modelage la tenue de l’instrument, les techniques de production du son, les attentes quant au comportement, au jeu et au silence, les conséquences, etc. Je développerai ceci dans la rubrique Gestion du matériel.
Je gardais l’apprentissage de certains instruments exclusivement selon le niveau (l’âge) ; tout d’abord selon le développement physique de l’enfant, mais aussi pour créer une attente et une motivation envers le cours de musique.
Bien sûr, le choix des instruments à enseigner est selon ce qui te fait vibrer (ou surtout ce que tu as sous la main hihihi); pour ma part j’utilisais ceci :
Présco + 1er cycle :
– Petites percussions
– Claviers (carillons, xylos, métallos)
– Djembés (si j’en avais)
2e cycle :
– Flûte à bec
(je sais que c’est mitigé et que ça ne plaît pas à tous. J’ai choisi la flûte entre autres en préparation à l’apprentissage des vents au secondaire)
– Instruments des cycles précédents
3e cycle :
– Guitare ou ukulele
– Flûte alto
– Instruments des cycles précédents
Les pièces instrumentales provenaient principalement de méthodes existantes avec trame sonore d’accompagnement. Par contre, je faisais aussi des arrangements pour ajouter une touche instrumentale aux chants appris en volet 2 du cours. Les instruments étaient aussi utilisés pour la compétence 1 : « inventer ».
4) Retour au calme
Surtout pour les plus jeunes, cette partie du cours est importante. Tout dépend de ce qu’ils ont à l’horaire après ! Les instruments auront très certainement un effet énergisant pour eux, ils auront un « boost » d’adrénaline. Si on part pour la récréation, c’est OK, mais si on retourne en classe avec le·la titulaire, vaut mieux revenir au calme.
Dès le début de l’année, je distribuais aux élèves une activité papier à faire de façon autonome, de style coloriage à numéro, grille-mystère, etc. Cela servait justement pour les fins de cours, ou pour dépanner lors d’une suppléance. Dans l’idéal, ce travail pouvait durer plusieurs cours. J’offrais une carte privilège lorsqu’ils avaient terminé et s’étaient bien appliqués, puis leur remettais un nouveau « passe-temps ». Je parlerai des cartes privilèges dans un prochain article sur la Gestion de classe.
Aussi, pour le retour au calme chez les plus jeunes, je pouvais faire la lecture d’un livre en lien avec la musique. Si il y avait trop d’excitation dans l’air, nous prenions un moment de relaxation, étendus au sol, avec une douce musique. Des mouvements de Yoga ou de Tai Chi sont aussi utiles.
À partir du 2e cycle, nous faisons à la fin du cours un jeu appelé la « course aux notes ». C’est un jeu qui permet de développer la lecture des notes sur la portée. Dans un prochain article, je décrirai en quoi consiste ce jeu, qui était l’un de mes « musts » chez les plus vieux.
Aménagement du local
Si tu as ton propre local, c’est tout simplement génial ! Tu pourras aménager à ton goût. Par contre, il se peut très bien que tu aies à partager ta classe. Si tu es chanceux·se, ce sera avec ton·ta collègue prof d’anglais, espérant que vous n’ayez pas de conflits d’horaire. Dans ce cas, tu pourras sûrement installer des affiches et personnaliser un peu l’espace.
Il se peut que tu aies à partager le local avec le service de garde ou la bibliothèque. Cela restreint la liberté d’aménagement, et il faut considérer qu’il y aura beaucoup de circulation, et donc il faudra éviter de laisser ton matériel accessible. Cela vient aussi avec la réalité de travailler en présence d’autres adultes durant tes moments de planif, parfois aussi en présence d’élèves, de gérer des imprévus tels que nettoyage de graines de biscuits sur les tables, ainsi que devoir t’installer dans un autre lieu sur l’heure du midi, après l’école ou aux pédagos. Il faut miser sur la bonne entente et la collaboration avec ses collègues afin de garder une communication et un partenariat fluides.
Si vraiment tous les locaux sont à pleine capacité, tu pourrais avoir à enseigner dans les classes des titulaires (ou même dans le gymnase) Tu te sentiras sûrement restreint·e dans tes fonctions, mais crois-moi, cela développe de la créativité ! Le chariot, ainsi que plusieurs élèves assidus, seront tes meilleurs amis ☺︎
Je reviens à l’idéal : ton propre local. Pour ma part, ce que je préférais comme aménagement était sans tables. Les plus jeunes assis au sol, utilisation des chaises à partir du 2e cycle. Les chaises placées en périphérie de la classe, en « U » inversé, pour laisser de l’espace au centre pour bouger.
Avec les plus vieux (et les guitares), en solo ou équipes de 2 sur trois rangées, dépendant du nombre de lutrins disponibles. Pour tous mes groupes, je me faisais un plan de classe et y indiquait les noms des élèves, ce qui m’aidait grandement à apprendre les noms en début d’année. Ces plans de classe m’aidaient à placer mon « set up » de grands, avec l’assistance d’élèves.
La gestion de classe
Ça, c’est le nerf de la guerre. C’est un des facteurs anxiogènes de notre profession : perdre le contrôle de sa classe. Il y a à mon avis deux choses à mettre en place dans ta pratique pour te faciliter la vie à cet effet :
1 – créer/développer le lien avec tes élèves
2 – être préparé·e
Le lien
« Oui mais Julie, comment créer le lien lorsque tu vois les enfants seulement à la semaine ou aux semaines et demi ? » (‘J’ai déjà enseigné dans des écoles lesquelles le cours de musique à la grille horaire était de un cours sur 10 jours ☹︎ ) Effectivement, c’est loin d’être simple. C’est l’un des défis les plus importants que l’on rencontre en tant que spécialiste, ça demande beaucoup d’imagination pour y arriver. Voici quelques uns de mes trucs :
- Faire un plan de classe rapidement en début d’année et fixer les places ; écrire le nom des élèves sur ce plan et s’y référer pour apprendre les noms le plus rapidement possible ;
- Se donner souvent l’occasion de nommer les élèves durant le cours, soit en posant des questions, en leur faisant faire des démonstrations (modelage par les pairs), en leur attribuant de petites tâches, même insignifiantes. Ils seront heureux de participer et verront que tu les prends en considération ;
- Participer aux activités – école autant que possible (ex.: sorties), ce qui permet de les connaître autrement qu’au cours de musique ;
- Mettre en place un système de récompenses (ex. : les cartes-privilèges, à voir dans un prochain article) ;
- Mettre rapidement en place un cadre un peu plus serré auprès des élèves aux défis comportementaux, afin de les rassurer et de les guider (ex.: choisir une place plus près de toi, donner une tâche exclusive pour le·la responsabiliser, préparer une feuille de route avec petits objectifs à atteindre, etc.) ;
- Organiser une activité parascolaire, si c’est réaliste de le faire ;
Être préparé·e
Les enfants sont excellents pour trouver la faille et y plonger. Ils sont souvent plus rapides que nous ! Ce sont de petits baromètres hypersensibles qui se dérèglent à la moindre incertitude. Et donc si tu patines un peu, si tu te cherches durant ton enseignement, tu observeras la nervosité/fébrilité que ça occasionnera chez certains.
Bien sûr, on est humain, ça nous arrive tous de nous mélanger, de perdre le fil de notre idée, d’avoir à gérer un « temps mort » imprévu (exemple : une activité qui prends moins de temps que prévu). Plus tu auras une idée claire de la structure de ton cours, plus tu seras en confiance et plus fluide sera ton enseignement. Sans trop détailler tes planifs (ce qui pourrait alourdir ta tâche), essaie de prévoir les moments lesquels les élèves pourraient se désorganiser.
Quelques exemples :
- Les transitions (les marquer d’une routine ou d’un chant. Nommer des « assistants » pour accélérer les tâches)
- Activité qui « pogne » moins bien (trouver une façon de mettre les élèves un peu plus en action, avoir un plan B plutôt que s’acharner)
- Les moments d’enseignement de style magistral (éviter de parler trop longtemps, impliquer les élèves dans les exemples)
Dans un prochain article, j’aborderai plus en détails la gestion de classe dans le cadre du cours de musique. Il y a tant à dire : je risque d’allonger cet article-ci pour rien.
Gestion du matériel
La gestion des instruments de musique est étroitement liée à l’organisation de ton local. Ton rangement peut être au pire un ou deux chariots, au mieux un local avec bibliothèques et armoires.
Les instruments, c’est à mon avis le cœur du cours de musique. C’est ce qui va motiver et accrocher tes élèves à ton cours. Même que pour certain·e·s, c’est ce qui fait qu’ils se lèveront le matin et auront hâte d’aller à l’école. Il faut intégrer les instruments le plus tôt possible à tes séances.
Auprès des tout-petits, les premières leçons aux instruments viseront à apprendre comment les manipuler de façon sécuritaire, comment produire de beaux sons. Les attentes au niveau du comportement. Ce qui arrive lorsque l’attente n’est pas respectée. Je prends un·e élève en exemple ou je fais la démonstration.
Exemple : « Tu prends ton carillon avec tes deux mains de chaque côté, comme si tu avais un cabaret à la cafétéria. Tu marches calmement jusqu’à ta place. Tu le déposes par terre (ou sur ta table) comme si il était en cristal. Tes baguettes sont par terre / sur ta table, pas sur ton instrument. Tu attends mon signal avant de faire des sons.
-Si tu oublies et tu fais des sons, je vais te le rappeler. Si malgré le rappel tu fais encore des sons, je vais te retirer tes baguettes un moment, jusqu’à ce que tu sois prêt·e à les récupérer. » On fait travailler chacune de ces étapes avant de permettre de jouer. On établit un système clair pour permettre de jouer et demander de cesser (signes de chef d’orchestre). On s’exerce à cesser de jouer lorsque demandé.
La distribution et le rangement peuvent devenir chaotiques. Il faut prévoir une méthode qui sera idéalement toujours la même. On peut nommer des assistants pour cette tâche. Les élèves doivent savoir quoi faire (ou ne pas faire) avec leur instrument une fois à leur place. Dépendant des niveaux, vous pouvez permettre aux élèves de s’exercer, si c’est tolérable pour les oreilles. Bref, ils doivent avoir reçu une consigne claire sur ce qu’ils peuvent faire ou non en attendant que tout soit distribué, sinon c’est la cacophonie assurée !
Si on joue tous du même instrument, on peut nommer des groupes d’élèves pour venir les chercher. Exemple : « 1re rangée, venez chercher vos ukuleles. Au tour de la 2e rangée. À vous, 3e rangée. »
Si le prof détermine qui joue quoi, on nomme un élève à la fois et lui remet l’instrument directement dans les mains.
Si l’élève choisit son instrument, on les nomme un à un (ou pige au hasard) pour venir prendre l’instrument. On peut en profiter pour impliquer notre élève à défi comportemental, qui pourra faire la pige. Il·elle se sentira valorisé·e.
Opération inverse pour le rangement (nommer les élèves ou groupes d’élèves pour venir porter son instrument). Dans l’idéal, si on peut éviter les déplacements, c’est mieux.
Exemple : On range les flûtes. Elles sont rangées dans deux paniers. Deux élèves sont mandatés pour ramasser les flûtes des camarades, en passant parmi eux avec les paniers. On met les autres élèves en action individuelle : « Pendant qu’on ramasse ta flûte, prends l’exercice de lecture de notes et révise le numéro 4 ».
J’explorerai plus en profondeur la gestion du matériel dans un article ultérieur en abordant la question des duo-tangs et des crayons, des livres et du budget.
Évaluations et bulletins
Un autre beau défi à relever, surtout si tes cours avec tes élèves sont espacés. Difficile d’organiser des situations d’apprentissage échelonnés sur plusieurs cours dans le but de faire progresser ses élèves lorsqu’il faut revenir chaque fois sur les notions et tout réexpliquer. Bref, ce n’est pas évident.
Tout d’abord, en début d’année, imprime-toi des grilles d’élèves avec des cases qui te permettront de prendre des notes. Imprime les photos des élèves au besoin, surtout si tu ne les vois pas fréquemment. Choisis un barème qui te convient (pour ma part, j’utilisais A-B-C-D + et – )
En principe, la compétence (Inventer, Interpréter ou Apprécier) doit être développée via des situations d’apprentissage. Les élèves doivent avoir eu la chance de s’exercer avant d’être évalués. Et donc, dès que possible, il faut commencer à recueillir des traces.
Avec le peu de cours que l’on a, il faut être réaliste, on ne fera pas de miracles. Alors on se donne de petits objectifs.
Exemple : Compétence 2 : Interpréter
En 2e année, on apprend la chanson « Au chant de l’alouette », version de Garolou.
Objectif terminal : Interpréter vocalement la chanson Au chant de l’alouette
Je donne un objectif intermédiaire réaliste, compte tenu du temps que j’ai :
Objectif intermédiaire : Chanter les 2 premiers couplets et le refrain
Durant deux ou trois cours, on s’exerce à chanter la chanson. On se donne des stratégies pour y arriver : lire les paroles pour se les approprier, travailler des mots spécifiques pour la prononciation, chanter la mélodie en « la la la » pour placer les notes, chanter plus lentement, etc.
Puis, le moment venu, J’évalue mon objectif intermédiaire. J’attribue un B+ ou un A aux élèves qui atteignent l’objectif. L’élève qui prononce tous les mots de l’objectif mais dont je n’entends pas la voix : B ou C+. L’élève qui marmonne et bafouille, je porte attention : est-ce parce qu’il·elle est timide ou vraiment il·elle rencontre des difficultés à l’interpréter ? Réussirait-il·elle mieux dans un autre contexte ? Celles et ceux qui chantent la chanson au complet (dépassent l’objectif) reçoivent un A+.
Les lettres et les notes, c’est bien mitigé. Le but est que l’élève progresse par rapport avec lui-même. Il faut tout de même produire une note au bulletin. Avoir plusieurs traces sur notre grille d’élèves nous facilite la vie et nous fait gagner du temps. Parfois on n’a pas le choix, mais il est peu réaliste d’établir une note en fonction d’une seule évaluation.
… Et si lors d’une évaluation tous les élèves échouent ou ont un faible résultat, il ne faudrait pas utiliser cette évaluation pour ta notation. Parfois ça arrive, tu n’es pas un·e mauvaise prof ! Le délai pour s’exercer était peut-être trop court, ou peut-être la situation d’apprentissage moins adaptée pour leur niveau. Faut pas s’en faire : avec le temps, on développe une flexibilité, on s’adapte et on simplifie certaines choses, et c’est parfait comme ça ☺︎
Le parascolaire
La tâche de spécialiste est énorme. Si on a en plus des surveillances, des déplacements entre écoles sur l’heure du dîner et des comités, ça donne moins de temps pour du parascolaire. Et donc avant d’entamer l’année, si tu as une idée claire du projet que tu souhaites mener, il faut le prendre en considération dans le comptage de tes « minutes ».
C’est certain que du parascolaire c’est vraiment gagnant. Ça fait rayonner la musique dans l’école. Ça augmente la motivation des élèves, ça accroche celles et ceux qui sont un peu en marge, les élèves pour qui l’académique peut être moins intéressant. En plus d’agir directement sur l’estime de soi et le sentiment d’appartenance, le parasco contribue à développer les valeurs d’entraide et de persévérance. (pour plus de bienfaits de la musique chez les jeunes, consulte la section Les bienfaits de la musique)
Pour ma part, j’aimais beaucoup organiser des « Clubs » de flûte, de guitares/ukuleles ou tout simplement des clubs de musique, où se mêlaient claviers, percussions, flûtes et guitares/ukuleles. Je prenais des morceaux des méthodes de flûte ou des chansons populaires que j’adaptais selon les effectifs que j’avais. Je me suis aussi jumelée à ma collègue et amie en éducation physique pour former une troupe de gumboots.
Les relations avec les collègues
Au travail comme dans la vie de tous les jours, il y a des gens avec qui ça clique et d’autres moins. C’est tout à fait normal. Le défi lorsqu’on enseigne dans plusieurs écoles est de former notre propre sentiment d’appartenance et forger des liens avec toutes ces personnes. L’une des bonnes façons d’y arriver est de fréquenter la salle des profs.
Si tu as la chance de dîner avec tes collègues et si tu peux te permettre de prendre quelques pauses-récrés avec eux·elles, tu auras l’occasion de prendre le pouls de l’école, de la dynamique entre les gens. Cela pourrait te sembler parfois difficile, du fait que des groupes de personnes se forment naturellement, surtout dans les plus grandes écoles. Si jamais tu ne te sens pas trop à ta place, prends quand même un moment de temps en temps pour aller faire un coucou.
Si ta tâche le permet, participer à un comité contribuera à favoriser l’échange avec tes collègues. Une autre façon de développer des liens est de connecter avec les autres spécialistes (anglais, éduc. physique, un autre art). Nos réalités sont similaires et le soutien que l’on peut s’apporter mutuellement ne peut qu’être bénéfique.
Enfin, si il y a une communauté d’enseignants de musique à ton C.S.S. qui se rencontrent à l’occasion, que ce soit pour des formations ou pour du travail d’équipe, joins-toi au groupe sans hésiter ! J’ai eu l’occasion de côtoyer une équipe d’enseignants en musique à mes débuts, nous nous rencontrions 2 fois par année.
Ça a été d’un grand soutien pour moi, j’ai puisé auprès de ces merveilleuses personnes des stratégies d’intervention, du matériel, mais surtout de l’écoute, du soutien et de la compréhension. C’était dans les années 2000 en Montérégie, ces personnes qui me lisent peut-être se reconnaîtront (Merci à vous de m’avoir accompagnée dans mon jeune parcours !)
On retrouve cet esprit de communauté sur les réseaux sociaux, notamment sur les groupes suivants :
https://www.facebook.com/groups/enseignementdelamusiqueprimaire (enseigner la musique au primaire)
https://www.facebook.com/groups/315348642168886 (enseigner la musique au préscolaire)
En parcourant les publications, en plus du partage d’idées et de matériel, on prend conscience qu’on n’est pas seul·e à vivre certaines situations. Et parfois de voir le point de vue des autres nous aide à voir les choses sous un nouvel angle.
Le danger lorsqu’on est nouveau/nouvelle, c’est de se sentir isolé. De par notre position de spécialiste de musique, on est un peu à part. Il faut bien s’entourer pour se sentir épanoui·e et appuyé·e au travail, c’est essentiel pour notre santé mentale.
La grille-matière
Sujet délicat et très sensible… À moins d’enseigner dans une grosse école et d’avoir déjà ta permanence depuis longtemps, le choix de la grille-matière influence directement ta tâche. Elle fait en sorte que tu travailles dans plusieurs écoles et que tu pourrais avoir à changer (encore) l’an prochain. C’est une grosse lacune de notre système. Mais bon, comme ce n’est pas prêt de changer, faut vivre avec.
C’est au Conseil d’Établissement que la grille-matière sera adoptée, fin janvier début février. C’est certain qu’à quatre écoles, ce n’est pas réaliste de faire partie de 4 C.É. Malgré cela c’est l’un des meilleurs endroits pour faire valoir l’importance (et la nécessité) de notre matière.
C’est un dossier complexe. Je l’ai abordé plus longuement dans cet article.
Ne t’oublie pas !
Notre profession est exigeante, mais si gratifiante ! Transmettre notre passion aux élèves, les voir profiter et s’épanouir dans ton cours, les voir progresser, les entendre te dire « j’ai hâte à mon cours avec toi ! » Avoue que ça nous fait un velours ☺
Il est par contre facile de s’oublier dans ce métier. Au début de l’année, on est énergisé par notre été, on est motivé et on a encore du temps. C’est dangereux de prendre plein d’engagements, de développer plein de projets et de prendre plusieurs comités. Une fois les élèves débarqués dans ta classe, la charge de travail augmente et le temps déboule. Les agendas un peu trop noircis et les nombreux dossiers à gérer peuvent rapidement mener à la surcharge mentale. Sois vigilant·e !
Abordons quelques points en rafale :
Planification
Mieux tu seras préparé·e, mieux tu te sentiras. Lors de tes premières années, tu y investiras beaucoup de temps, mais cela te facilitera la vie avec le temps. Tu gagneras en fluidité, en flexibilité et en confiance. Si c’est faisable, garde à ton horaire des moments pour t’arrêter et respirer.
Retour à soi
À l’école, on peut faire face à plusieurs situations stressantes : conflit avec un·e élève, désaccord avec un·e collègue, horaire chargé, parent mécontent, imprévus, etc. Lors de ces épisodes, essaie de prendre des moments pour t’ancrer à toi-même : respiration profonde, exercice de cohérence cardiaque, prise d’un breuvage chaud, etc. Car l’accumulation de ces petits événements peuvent mener à la fatigue. Le retour à soi est si important mais si négligé, et à la longue ça nous mène tout droit vers l’épuisement.
À la maison, on décroche !
L’ouvrage s’accumule sur ton bureau, des corrections, de la planif, de l’organisation pour tes comités, etc. « Pas grave, je vais finir ça chez nous ce soir »… Attention, danger !
Oui, les journées passent vite, le temps nous file entre les doigts, c’est fou ! C’est un véritable creuse-méninges que de s’organiser pour ne pas faire d’ « Over time » à la maison. Cependant, pour ta santé et ton bien-être, il est essentiel de décrocher une fois rendu·e chez toi.
Si vraiment ta liste de choses à faire déborde, reste à l’école quelques minutes de plus pour t’avancer, afin de te permettre d’être tout·e dédié·e à ta famille, à tes projets personnels et à toi-même une fois à la maison. Si c’est difficile d’y arriver, il y a peut-être des choses que tu peux modifier à ta façon de faire, pour alléger ou simplifier.
Bien s’entourer
Lorsque quelque chose te tracasse, que tu as besoin de nouvelles idées pour dénouer une situation, n’essaie pas de tout gérer seul·e. Sers-toi de ton réseau pour te soutenir, pour t’appuyer. On a besoin les uns des autres, il faut s’entraider. Ce n’est pas une faiblesse que de demander de l’aide, au contraire ! Les ressources sont là, autour de nous, il ne faut pas hésiter à y puiser ☺
En voici quelques unes que tu peux sûrement trouver à ton CSS :
Mentorat
Programme d’aide aux employés
Programme d’insertion professionnelle
SVP, dans cette folle et magnifique aventure qu’est l’enseignement, ne t’oublie surtout pas !
Enseigner la musique au primaire, en conclusion
Il y a tant à dire, les sujets sont vastes et diversifiés ! Comme je le mentionnais au début, je ne détiens pas la vérité et certaines de mes propositions pourraient ne pas concorder avec ta façon de faire. Sois bien à l’aise de prendre ce qui te convient.
N’hésite pas à ajouter ta touche personnelle ici-même dans les commentaires ; tes idées, suggestions, opinions et expériences pourront sans doute compléter le tout et servir à d’autres !
Si tu désires que l’on aborde un sujet ou que tu veux me partager tes impressions plus personnellement, n’hésite pas à m’écrire : [email protected] ; c’est moi qui te répondrai directement ツ
Merci d’avoir pris le temps de me lire et de partager ce texte si tu le trouves pertinent ♡
Julie
Liens vers quelques ressources
Voici en vrac quelques ressources qui te seront sans doute utiles :
La musique au primaire, collaboratif d’enseignants en musique au C.S.S. des Draveurs
https://sites.google.com/csdecou.net/musique-primaire
Banque de capsules vidéos et de matériel sur le site du Récit des Arts. Consulte l’onglet « Musique » pour avoir accès à cette riche banque de données
https://www.recitarts.ca/fr/musique/supports-a-l-enseignement/
L’onglet « Capsules et documents » de cette page te mène vers des tutoriels pour les vitamines rythmiques, mais aussi vers des documents à imprimer, dont des affiches pour ta classe
https://banjoetmandoline.ca/capsules-et-documents/
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